lundi 25 septembre 2017

"-le petit espace de ciel qui dort à côté de la lune." Virginia Woolf

Lisant Virginia Woolf.

Un loup dans son nom, un phare au loin, une phrase aussi.



Une amie demandant: vous vous souvenez de cette page dans Vers le phare de Virginia Woolf?
Et nous cherchant.
Non, oui.
Une femme de ménage, une vieille femme qui époussète et réfléchit au destin des maisons et de leurs habitants. Une merveille, cette page.
J.B., lui seul, se souvenant.
Et moi, tordant ma mémoire blanche, non.

Plus tard, eux tous partis, pieds nus, aller dans la bibliothèque et prendre le livre et lire.
Encore ce matin, commencer  tôt le jour avec Mrs Ramsay, sa beauté, son humanité et surtout l'écriture de Virginia Woolf lumineuse d'intelligence. Un peu abasourdie par tant de finesse, de justesse aussi, s'effrayer de vouloir encore écrire après elle.

Un peu comme vendredi soir, au concert, voyant des gens s'agiter, les entendant bavarder sur cette suite de Bach pour violoncelle que j'aime tant sans la comprendre tout à fait ne connaissant pas la musique, je me sentais à la fois agacée par ces applaudissements mal à propos et en même temps irritée contre moi-même. Après tout, j'en savais à peine plus que ces gens venus là pour se montrer aux autres, bien davantage que pour la musique de Bach.

Lisant les pages de Vers le phare, je voyais ce que voyaient les autres personnages qui regardaient Mrs Ramsay et Virginia Woolf leur donnant à la fois vie et regard. Et de penser à ce qui parfois plaît à mes contemporains reste déroutant: que trouvent-ils dans la plupart de ces romans un peu vides pour la plupart? Relisent-ils Virginia Woolf? De temps en temps, j'ouvre des livres récents. Mais à part les poètes, qui, vraiment?

Et je reste là face au jardin dégoûtant de rosée, doré et vert encore.
Avec cette sotte envie d'écrire qui ne me lâche pas.
En silence, en voix chuchotée en face des merveilles écrites, comme celles du jardin.
En face.
Solitude voisée de la lectrice.
Jardinière armée seulement de ses mains.
Le ciel est invisible encore à cause de la brume.

J'écris en chuchotant parce que c'est le matin et que d'autres ici dorment encore.
Un fils est parti travailler.
Alors un peu de broderie au miel sur la tartine et sur la page.
Ce sera ça, écrire, or et neige?

"-le petit espace de ciel qui dort à côté de la lune."

Virginia l'a bien vu, ce petit espace par lequel entre la poésie.
Je ne l'aperçois que le matin, très tôt, ou le soir, à nuit noire.
Comme Mrs Mc Nab, la vielle femme de ménage ouvrant les placards et apercevant les invisibles habitants de la maison abandonnée, les livres, ..."des habits dans toutes les chambres...", Mrs Ramsay morte pourtant mais encore partout présente et les enfants. "C'était trop pour une femme seule, trop, beaucoup trop."

Or et neige.
Les mots.







1 commentaire:

  1. en ce jour de mon anniversaire, j'accueille ce petit espace comme un cadeau ...
    corinne d

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