« Où est
l’enfant ? Avec la bête à la sortie des entrailles. Il parle. L’enfant
parle. Il ne veut pas mourir. »
Lili Frikh, Carnet sans bord
Traverser c’est
avancer pieds nus sur du papier de soie, sans le faire crisser, sans grincer
des dents.
Alors ? Oui ?
Non ?
Qui peut mesurer
la vitesse d’une couleur, le roux d’un renard envolé, loin de la Voie
Lactée ?
Dis-moi.
Je n’ai pas
d’échelle pour grimper au ciel, ni d’escalier.
Seulement une
chouette et un vieux vélo que je ne veux pas oublier.
Et la peur du
noir et du froid.
Et toi ?
Dans le ciel,
volent les animal(s), répond l’enfant. Parfois un taureau passe, et son ami
bélier, des poissons d’argent aussi et des nuages de lait. Pour la soif.
Un ours aussi,
qui danse avec sa mère.
Bol glacé, à
avaler seul.
(Oiseaux de
Saint François,
sa main ne
tremble pas !)
Dis-moi, toi, dans
le ciel avec eux ?
Tu voles ?
On ne sait pas.
Quoi dire aux
enfants ?
Ni aux
animal(s).
Surtout on reste
là.
À écouter.
LA ROUTE DE LIMA
Santa Rosa da Lima
Ah rosa sempre in cima
Ai miei pensieri »
Giorgio Caproni
Route de
poussière rouge où j’ai habitude d’inquiétude
Route rouge de
ténacité ignorante
à épeler l’os
jusqu’à la borne d’ignorance
et recommencer
ROUTE DE LIMA(à
l’envers)
Peut-être à
cause d’une chambre rose
(en compagnie
d’une lettre majuscule)
où j’ai dormi
toute une nuit
À LIMA
en compagnie
Plus loin
quelqu’un a écrit de droite à gauche
Tous les animaux
regardent vers l’ouest
sauf la huppe
ROSE DE LIMA
C’est SOUTINE qui dit
Ça
Cheval boxeur
amoureux d’infiniment petites choses
tous vont sur
son dos
du pissenlit à
la ronce noire
ROSE
DE
LIMA
Tous filent sur
la route rouge de LIMA
Tous
sauf moi