mardi 3 mai 2022

Exposition Sylvie Durbec au Pôle Chabran du 23 avril au 9 juillet Draguignan, autour de l'oeuvre d'Albert Camus

 Le corps, jouissant, souffrant, malade à travers l'oeuvre d'Albert Camus

série de dessins

exposés au Pôle Chabran dans le cadre d'une exposition collective




lundi 11 avril 2022

Suisse-fougère

 Carré suisse


Ensuite une fougère celle toujours attendue inespérée parfois disparaissant puis renaissante sur la souche de bois quasi pourrie faisant fi de toutes les prévisions tueuses d’espoir fougère renaissante dont les spores délicats tracent la route de mémoire au sein de l’oubli qui bientôt recouvrira jusqu’à nos visages de cendres ensuite sortant de la brasserie devant l’immeuble gris un camion livre des plantes vertes pour simuler la nature en plein coeur de genève nous rions devant tellement de plantes diverses et surtout de fougères exubérantes d’un vert brillant comme si ces vraies plantes empruntaient à celles de plastique leur brillance inaltérable deux hommes les descendent du camion pour les porter sur la terrasse de la brasserie poussée par un désir vif de serrer dans mes bras cette profusion de hampes je demande en riant si elles sont à donner un des deux se retourne et me demande vous en voulez une je bégaie un je ne sais quoi dire et il questionne à nouveau vous la voulez et me tend une fougère superbe qu’il met dans mes bras tel un enfant sauvage rendu à sa mère mes amies rient annoncent que c’est ma fête on applaudit sauf moi les bras remplis de la vie nouvelle qui vient de m’être offerte walser aurait écrit la-dessus une petite prose amusante et ironique en deux gambades et moi empotée comme la fougère je pleure nous nous serrons l’une contre l’autre jusqu’au parking ne pas la lâcher la glisser doucement dans la voiture emporter la fougère tel un trésor inestimable que seule la suisse pouvait offrir et aller sur l’île saint pierre pour la présenter secrètement à rousseau et s’entretenir de botanique en rêvant de la paix qui jamais ne viendra pas même ici mais dans la longue promenade parfois un peu de répit dans l’alternance de la marche et des interruptions en compagnie des amis dont les noms sont poèmes à transcrire entre les côtés parfaits de ce carré




jeudi 17 février 2022

Carré 52

 Carré 52



Commencer par recommencer chaque jour un carré là où tant d’autres engloutissent du chocolat pour oublier leur condition leurs cendres volèteront comme les mots qu’on n’a de cesse de répéter en guise d’incantations pleines d’aigreur mais la mort s’en fout le ressassement ad nauseam de ce qui aurait dû être à la place de ce qui a été commis n’a jamais ouvert la bouche des morts seule peut-être la petite promeneuse en rouge descendant la colline avec une sorte de joie enfantine ou l’amandier un peu surpris de sa floraison rose les deux se rejoignant sans se presser pour retrouver entre l’église et la lavoir un troisième personnage féminin vêtu d’un haut rouge volanté à la taille et d’un pantalon blanc cette dernière soulevant chemise et pull pour dénuder un court instant son ventre clair sans forfanterie juste comme ça pour dire je me suis habillée à la va que je te pousse riant de son âge rêvant du printemps qui revient je me suis arrêtée à sa hauteur j’avais garé mon auto plus haut dans un virage pour regarder à loisir la fille en rouge et l’amandier les prendre en photo ce rouge sur les herbes vertes de la colline la pluie d’hier a ravivé les couleurs un ménage nécessaire pour inaugurer ce qui arrive avec le mois de mars la voisine sur la place m’a confié attendre avril fin du passeport obligatoire elle la passeuse de frontière venue en douce dans le ventre de sa mère le tracé des lignes sur le sol sait-on ce qu’il signifie a demandé un vieux de retour d’algérie les boucles d’oreille j’en ai perdu une il faut appeler saint antoine et tu la retrouveras du marseille maternel au portugal de lobo antunes dans cette situation amé appelle un de ses oncles mort depuis presque cent ans le saint laïc des retrouvailles on a évoqué devant elle petite fille le loustic buveur chasseur coureur qui n’avait qu’un talent celui d’aider les autres à retrouver ce qui était perdu tandis que le cochon mange le souvenir de mon frère et le don continue après sa mort dans le carré






jeudi 3 février 2022

Carré en vrac

 Carré en vrac


C’est le vrac qui l’emporte tu apportes un sac de tissu tu le remplis puis le pèses et hop tu as économisé du plastique du papier en bref tu as acheté en vrac ce que tu achètes d’ordinaire emballé l’écriture est-ce la même chose avec un carré tu remplis sans peser mais tu fourres tout en vrac l’origine des langues et des peuples avec le lombric du compost retrouvé dans un livre mais aussi le cheval blanc et le cheval noir encore échappés ce matin la poste du village voisin est ouverte je vais envoyer de vraies lettres et c’est aussi signe que ça revient l’encre qui tache un peu les doigts quelqu’un en rouge descend le talus avec un chien noir tout passe très vite dans le paysage le vent n’agite pas les pins comme les chênes le pin bouge latéralement les chênes défeuillés bougent maladroitement notre rosier aussi la cloche est à peine audible à cause de la tempête une invisible s’est décidée à venir entrouvrir la porte de l’église cheveux blancs dans le matin on dirait l’émissaire de l’hiver qui se glisse à l’intérieur et dans peu de temps ressortira dans le soleil tiède le vent a fini par caler déracinant ailleurs un mimosa mais pas le moindre dégât ici mon aujourd’hui fourmille du désir de courir à grandes enjambées respirer ce qui se prépare la femme aux cheveux blancs repousse la poussière entrée avec le vent sur le parvis où les ombres traversent les pierres les autres personnes qui ont charge d’ouvrir l’église ne se donnent pas tant de peine la chaise en plastique n’a pas quitté sa place sous le cèdre la vigneronne a repris du poil de la bête et parle fort comme aux vendanges les oiseaux dit la postière en prenant mon courrier sont revenus l’impatience du printemps ajoute-t-elle en me demandant si je veux choisir un carnet de timbres en riant je choisis les fleurs on en a besoin dis-je quelles sont-elles pensées primevères pétunias marguerites violettes gentianes fleuriront donc mon carré





lundi 29 novembre 2021

carré mâche-laurier

 

Carré mâche-laurier


 

Pour recommencer temps lent qui se mâchonne dans la bouche mâche-laurier une brume couvre et recouvre rien ne se voit l’œil droit travaille comme il peut on cherche de quoi traverser le brouillard et ce qui s’ensuit un début de brouille et on repart vers la cheminée là où les hommes parlent puis se taisent on n’en sait rien de cette solitude-là ouvriers en proie au travail de maçonnerie des cris au-dessus de soi quelqu’un explique le froid arrête crie un autre avec tes questions et travaille c’est bien de ça dont il s’agit la vrille s’enfonce dans le crâne délimitant une aire d’activité douloureuse à la recherche des mots qui vont démarrer le poème pensez-vous disait ma mère et je me demandais qui pensait elle ou les autres en disant ça qui pense quoi à quoi tandis que la vrille perce le mur il est question de température ressentie et j’imagine les doigts meurtris dans les gants glacés pour se faire comprendre debout sur un toit il faut crier le bruit traverse les murs et le plafond on imagine ces espèces de choses douces et poilues roses parfois que l’on plaque sur les oreilles quand il fait si froid que tout gèle même les paroles de colère et celles d’amour aussi déjà le froid glisse dans le mollet droit s’insinue jusqu’au pied pourtant bien au chaud dans la chaussure et à ce point glacé le vent qui souffle dehors que je pense aux vers dans le compost et à ce poème que je n’ai pas écrit où il est question de ce don fait par mon fils comme d’un poème pour continuer un carré d’écriture mal foutu de bonté et d’ardeur mais tout de même je le suis carrée dans la page et le fauteuil à remâcher un carré

 

 

lundi 8 novembre 2021

Azurite nocturne

 

azurite vaut bien or

a pensé Joseph de Montgolfier en grimpant vers le Palais des papes

et un aérostat bleu s’envolant

dans le mistral

sera un trésor

national

 

un pantalon rouge se promenant sans visage

dans l’obscurité du mot notturno

tu le traduis comment

questionne une femme dantesque

 

la ville éveille des questions réveille des visages

la maison écroulée sous le lierre

dans les vignes

demande simplement qu’on en retrouve

l’entrée

et le vieil escalier

pour se réveiller